Le plus grand rêve d’Amidou est d’oublier…

Grèce

En 2015, 856 000 personnes sont passées par les îles grecques, et en 2017 et 2018 seulement un peu moins de 30 000 personnes (selon le HCR).  Mais 2019 a déjà enregistré une croissance de plus de 60 000 nouveaux arrivants.  Aujourd’hui, les bateaux arrivant sur les plages grecques sont de retour, et la pratique montre que quelqu’un peut rester coincé à Lesvos pendant plusieurs années.  Nikos et Katerina dirigent un petit restaurant sur l’île, où chaque réfugié peut se sentir chez lui et manger un repas gratuitement.

Infos clés:
  • Le camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos compte actuellement environ 2200 habitants.
  • 2 000 d’entre eux sont des enfants
  • Depuis début 2015, presque 1 000 000 de migrants sont passés par différentes îles grecques pour arriver ensuite en Europe continentale
Chaque jour, nous servons plus de

850

repas
Nous distribuons

des repas et des produits de premiers soins

aux plus nécessiteux, incluant les enfants, les femmes enceintes et les malades

06.02.2020

Aujourd’hui, nous vous invitons à une rencontre avec Nikos, Katerina et nos protégés dans un lieu pas comme les autres – le centre d’accueil Home for All (La Maison pour Tous en VF) – sur l’île de Lesbos (Grèce). Ça vaut bien la peine de s’arrêter un instant pour faire leur connaissance.

Nikos n’aime pas aller au camp de réfugiés de Moria. A chaque fois qu’il en revient, ses yeux sont pleins de larmes. « – Je n’arrive pas à accepter les conditions dans lesquelles vivent ces gens-là. En fait, ils ont quitté un enfer juste pour mettre les pieds dans un autre » – nous confie-t-il au volant de son van en quittant le camp pour descendre jusqu’à la baie de Jeras. Depuis quatre ans déjà, Nikos et sa femme, Katerina, s’emploient tant qu’ils peuvent pour atténuer ne serait-ce un tout petit peu le sort amère de migrants qui débarquent sur leur île. Or, si le nombre des nouveaux venus ne cesse pas d’augmenter ces derniers mois, ceux qui veulent leur tendre la main sont autrement moins nombreux. Les locaux ne comprennent pas pourquoi Nikos et Katerina se démènent du petit matin jusqu’à tard dans la soirée pour transformer leur ancienne taverne, qui auparavant attirait des foules de touristes, en un refuge à la fois paisible et plein de vie ouvert à ceux qui, ayant fui la guerre et la famine, ont besoin d’un instant de repos et d’un repas chaud. A l’entrée, le couple a installé une pancarte portant l’inscription « La Maison pour Tous ».

Nikos se réveille à cinq heures du matin. Jusqu’à midi, il vend les poissons. « – Après tout, il faut gagner sa vie, n’est-ce pas ? » – nous lance-t-il avant de disparaître dans sa boutique. Aujourd’hui, il a du pain sur la planche, mais il nous promet de revenir vers nous plus tard. Vers 10 heures, des bénévoles raccompagnent à la Maison pour Tous les deux premiers groupes de migrants. Il s’agit le plus souvent de mineurs orphelins ou abandonnés, parfois de familles avec de petits enfants. Pour la plupart, ils viennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak ou encore de République démocratique du Congo. Les ressortissants de ces quatre pays représentent 85 % des habitants du camp de Moria. Une fois attablés, je demande à Amir, 15 ans, pourquoi il avait quitté sa terre natale. Il imite le bruit d’une explosion « Boum, boum, boum ! » et lève les bras au-dessus de sa tête. « – C’est ainsi qu’est la vie dans mon pays. Des commandos de brutes qui ravagent l’Irak ne cherchent pas à terroriser ou persécuter qui que ce soit. Ils n’ont qu’un seul but : exterminer des familles entières, l’une après l’autre ». Amir est arrivé à Lesbos accompagné d’un cousin aîné. Il ignore le sort de ses proches. Il craigne le pire. Les deux gars ont mis les pieds sur Lesbos sans avoir de quoi vivre. Leur situation précaire était difficilement tenable. « – A un moment donné, mon cousin a lâché. Il m’a dit qu’il allait retourner à la maison et qu’il me ferait savoir quand la situation sur place s’améliore. Il a été tué le lendemain de son retour » – nous raconte l’adolescent, en pleurs. Ensuite, j’approche Amidou, 17 ans. Il est originaire du Côte d’Ivoire. Il a mis 8 mois pour arriver jusqu’à Lesbos. « – Ce fut un cauchemar. Je veux juste oublier ce que nous avons vécu en route. Pour l’instant, c’est mon plus grand rêve » – explique-t-il. Ses yeux jettent des étincelles lorsque on lui sert son déjeuner. « – J’ai mangé mon dernier repas chaud il y a des semaines, voire des mois, je ne me rappelle plus » – ajoute-t-il avant de se mettre à manger.

La Maison pour Tous et le camp de Moria sont séparés d’une dizaine de minutes en voiture. « – Je n’ai pas de doutes là-dessus. C’est l’endroit le plus terrible en Europe entière, comme si Tolkien avait tout prévu en appelant ainsi la ville qui se trouve en plein centre de la Terre du Milieu » – nous lance l’une des bénévoles.

Katerina travaille à la cuisine dès le petit matin. Il y a cinq ans, avant l’arrivée des premières embarcations avec des migrants, leur bistrot attirait plein de touristes. « – Je me débrouille. C’est pour moi plus facile de cuisiner pour une foule de gens que de préparer un repas pour une famille ». Deux fois par jour, plusieurs centaines de repas chauds quittent sa cuisine à destination de Moria. A partir du mois de septembre dernier, la Bonne Fabrique finance la nourriture pour les mineurs orphelins du camp. Ça donne plus de 12 000 assiettes par mois. En outre, chaque jour Katerina prépare plusieurs dizaines de repas spéciaux. « – La direction du camp nous a remis une liste de migrants malades qui ont besoin d’une alimentation adaptée. Les repas spéciaux leur sont livrés par nos bénévoles. » – explique Katerina, qui peut compter sur l’aide de plusieurs ados du camp qui, sous ses yeux attentifs, apprennent le métier de cuistots.

A La Maison pour Tous, il y a toujours du monde. Avant que Nikos ferme sa boutique, située de l’autre côté de la rue, les bénévoles ont déjà raccompagné les deux premiers groupes de migrants et livré les repas spéciaux aux malades. De retour chez lui, il demande aux bénévoles s’ils ont déjà eu le temps de distribuer des vêtements chauds aux plus nécessiteux. « – Regardez, cette fille-là marche en claquettes et nous sommes en février ! Il faut lui trouver une paire de chaussures ! » – commande-t-il. Lorsque les migrants prennent un moment de repos après le repas, les bénévoles font le tri des vêtements d’occasion, don d’un groupe d’amis néerlandais. A la base d’une liste dressée au préalable, ils préparent des « kits chauds » pour tout le monde : des chaussures, un imperméable, une veste d’hiver. Les mères avec de petits enfants peuvent aussi compter sur un pack de couches, du lait, un plaid et une couette. Le retour à Moria est programmé vers 16 heures. Les bénévoles ont une heure et demie pour se préparer à accueillir les deux autres groupes de migrants qui viendront pour dîner.

A La Maison pour Tous, les jours se suivent et se ressemblent. Le lundi, on ne travaille pas. C’est le seul jour de la semaine où Katerina et Nikos peuvent s’occuper de leurs affaires. « – Il y a quelques jours, le plafond de notre maison a lâché. Nous avons dû déménager à un hôtel. Nous avions programmé une rénovation il y des années déjà, mais l’arrivée des migrants avait changé la donne. Eux, il n’ont tout simplement pas de toit. Nous n’avons pas à nous plaindre, nous » – explique Nikos.

Pour empirer les choses, début décembre on a volé et vandalisé leur voiture. Sa carcasse a été localisée par la police quelques jours après. « – Nous étions très touchés. Cette voiture, elle faisait partie de la famille. C’est avec elle que l’on emmenait les jeunes depuis le camp de Moria pour qu’ils puissent prendre un moment de repos et obtenir un repas chaud à La Maison pour Tous ». Heureusement, bientôt après Nikos a réussi à trouver un van d’occasion. La Bonne Fabrique a partiellement participé à l’achat du véhicule. Désormais, La Maison pour Tous peut à nouveau carburer à plein régime !

Actuellement, la population du camp de Moria s’élève à plus de 21 000 individus, à savoir sept fois plus que sa capacité d’accueil prévue par les autorités. 56 % de migrants qui débarquent sur Lesbos sont des femmes et des enfants de moins de 12 ans. En moyenne, à bord de chaque embarcation qui s’échoue sur les côtes de l’île grecque, il y deux mineurs orphelins ou abandonnés.

La nuit, à Moria il fait très froid. Les migrants tentent de s’échauffer avec les moyens du bord. Mais leur plus grand ennemi est la pluie qui provoque des avalanches de boue qui descendent jusqu’à leurs tentes. Certes, la politique migratoire est un sujet à discussions interminables, mais au moment de se retrouver à Moria, au milieu de tous ces ados et enfants malheureux, on n’a plus envie de discuter. Par contre, on a envie d’agir ! En effet, ils sont tous déjà là. A quoi bon se lancer dans des débats à rallonge qui, le plus souvent, ne débouchent sur rien ? En ce moment, la priorité est de leur donner à manger pour qu’ils puissent combler leur faim. Tout simplement. La vie d’Amir à Moria est loin d’être facile. Un camp de réfugiés surpeuplé n’est pas un endroit idéal pour un mineur. Mais, avec le regard fixé dans le loin – est-ce qu’il essaie ainsi d’éveiller des souvenirs de son pays ? – le garçon affirme : « – La guerre, c’est encore pire ! ».

En visitant notre Bonne boutique en ligne, vous pouvez offrir un repas chaud à un gosse affamé. Votre don de 15 zlotys seulement pourra peut-être lui redonner la confiance en homme. Offrez-lui l’opportunité de se convaincre que le monde n’est pas peuplé que de gens méchants, mais aussi de gens BIEN !

Mateusz Gasiński

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