Hier, nous avons reçu le genre de nouvelles que personne ne veut jamais entendre. Le genre de nouvelle dont on sait qu’elle arrivera un jour, mais qui arrive toujours trop tôt. Marcel est décédé. Il avait 87 ans. Il était l’un des patients les plus âgés de notre centre de soins palliatifs de Kabuga, au Rwanda.
Marcel était avec nous depuis quatre ans. D’autres patients allaient et venaient, mais lui était toujours là. Depuis longtemps, nous ne le considérions pas comme un patient, mais comme un membre de la famille. Nous le trouvions le plus souvent dans la chapelle ou dans la cour de l’hospice, où il aimait discuter avec les autres patients – généralement en faisant des blagues et en faisant rire les gens. Mais il s’illuminait vraiment chaque fois que sa femme franchissait les portes de l’hospice. Son sourire était si éclatant qu’il était difficile de croire à la douleur qu’il avait vécue. Pendant le génocide rwandais, Marcel a perdu ses cinq enfants. Seuls lui et sa femme ont survécu. Il luttait contre le cancer depuis plusieurs années. Passant d’un hôpital à l’autre, il a fini par nous trouver.
Il n’y avait aucun signe que quelque chose n’allait pas. Hier soir, comme d’habitude, Marcel s’est rendu à la chapelle pour ses prières du soir. Ensuite, il a rejoint les autres pour le dîner. De retour dans sa chambre, il s’est senti mal et a appelé une infirmière. Mais avant qu’elle ne puisse l’atteindre, Marcel était déjà parti… rejoindre ses enfants.
Aujourd’hui, pendant la messe à la chapelle, la Bible et le calendrier liturgique de Marcel se trouvent exactement là où il les avait laissés la veille. Personne n’a voulu les déplacer – laisser ses affaires au même endroit faisait partie de son rituel quotidien.
Cher Marcel, aujourd’hui, toute la famille de La Bonne fabrique – et tous ceux qui t’ont soutenu – te souhaite un bon voyage. Kabuga ne sera plus jamais la même sans toi. Nos cœurs sont lourds, mais nous sommes remplis de gratitude et de joie que tu aies été avec nous. Nous croyons sincèrement qu’il vous reste à vivre et, cette fois, à vivre pour toujours. Nous ne te disons donc pas au revoir. Nous disons…
Au revoir, cher ami.