Aguera a 20 ans et sait qu’elle n’a pas beaucoup de temps devant elle. Dans quelques années, elle aura des enfants, des tâches ménagères et moins d’opportunités. Au Burkina Faso, c’est sa dernière chance de faire des études. C’est maintenant ou jamais.
Elle le fait pour son avenir. Un métier entre les mains lui permettra de toujours gagner sa vie. Elle n’aura plus à demander de l’aide à personne.
Lorsque les résultats de l’examen sont annoncés à haute voix, Aguera retient son souffle.
Le 12 juin, à Gourcy, un petit village où la poussière se mêle à l’espoir, sept femmes sont penchées sur leurs machines à coudre. Derrière elles, trois années d’études ; devant elles, la perspective d’une vie normale. Elles passent l’examen le plus important de leur vie.
Le silence est aussi pesant que dans une cathédrale ou une salle d’opération. Sur la table se trouvent les prix : deux machines à coudre et du matériel de couture. Les aiguilles bougent, les machines cliquettent, les fils s’emmêlent et se démêlent, et les motifs prennent forme sous des doigts tremblants.
Puis viennent les résultats : trois noms sont appelés, car trois jeunes femmes ont obtenu la meilleure note. Pour Aguera, nous avons acheté une machine supplémentaire, car elle le méritait grâce à son travail acharné. Trois nouvelles vies. « Demain, je peux ouvrir mon propre atelier ! » s’écrie-t-elle avec joie.
Les autres ne repartent pas les mains vides. Elles ont désormais un métier, peuvent travailler pour d’autres et économiser pour s’acheter leur propre machine. Ce n’est pas la fin du chemin, c’est le début.
Le soir, place à la danse et à la fête. Les élèves plus jeunes de première et deuxième année chantent pour leurs collègues plus âgés. Leurs chansons sont remplies de félicitations, mais aussi de quelque chose de plus : de la détermination. « L’année prochaine, ce sera nous qui serons ici », chante l’une d’elles en tournoyant dans sa robe à motifs. « Avec une machine entre les mains. Je coudrai beaucoup de robes comme celle-ci. »
Le cercle se referme, l’histoire se répète, mais à chaque fois, quelqu’un d’autre a sa chance.
Une journée de formation signifie plusieurs heures avec une machine et un manuel. C’est une étape concrète pour une femme qui ne veut plus demander d’argent, mais qui veut plutôt le gagner elle-même.
Les grands changements commencent par de petits gestes : une journée de formation, une machine à coudre, une femme. Offrez une journée de formation et commencez une nouvelle histoire de transformation.